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Extrait de "Mémoires de…"
- ANtoine de montalivet
- septembre 2001 -
CHAPITRE VIII
Dictons & Croyances
Un subtil mélange d'auberge espagnole et d'évidences à
couper le
souffle a longtemps aidé à expliquer des phénomènes
inconnus, si
ce
n'est à préparer aux pires
catastrophes, quitte à trouver, quand
elles
ne se sont pas produites, un nouveau dicton qui aura coupé
l'herbe
sous le pied du précédent.
Les Saints, n'ayant rien d'autre
à faire au paradis, adorent jouer à
ce jeu.
C'est dans le
domaine météorologique que
les dictons et proverbes sont
les plus démonstratifs, car lorsqu'ils résument
les conséquences inévitables
et flagrantes
d'un état de fait, ils avalisent, par là même, d'autres corollaires
totalement
imaginaires.
Si un
proverbe se résume à :
Nuages
sombres le soir,
Pour
sûr il va pleuvoir.
ou
:
Nuages
noirs à Midi,
Rentre
vite à l'abri.
vous
n'aurez aucun mal à y voir
une lapalissade et vous contenterez d'un
sourire en coin !
Mais si une once de
sauce mystique est ajoutée, le sourire
devient jaune
À
la Saine Goutte,
Nuages sombres le soir,
Gare, si c'est en août,
Pour sûr il va pleuvoir.
ou encore :
À
la Saint Grêlon,
Nuages noirs à Midi,
Prie pour la moisson
Et
rentre vite à l'abri.
On vient ici de sauter un pas, de créer le doute, d'engendrer la
peur et
de punir le mécréant.
Alors, bien sûr, l'angle sous lequel nous venons de présenter ces
deux
exemples est plutôt
sympathique et prête effectivement à sourire.
Cela tient à
la non ambiguïté
du processus, à sa logique
formelle
et à sa
compréhension immédiate . C'est pourquoi ces deux distiques
et ces deux quatrains ne passeront
jamais à la postérité !
Mais dans la majorité des cas, le flou de
certaines litanies
proverbiales, combiné au
mécanisme des tables gigognes
génère
une telle incompréhensibilité que chacun le traduit
à sa guise ; c'est là même où le principe auberge
espagnole
entre totalement en application.
Prenons par
exemple le dicton de la Saint
Médard. Nous pouvons
en compter 18
formes différentes sur l'énonciation, mais semblables
semblables sur les conséquences. En voici le résumé :
S'il pleut le jour de Saint
Médard,
Il pleut quarante jours plus tard .
À moins que Saint Barnabé
Ne lui
coupe l'herbe sous le pied.
Mais t'auras encore Saint Gervais
Que le beau temps peut ramener.
Une
première halte s'impos dès le second vers : Il pleut
quarante jours plus
tard. Interrogez votre
voisin sur le sens de la phrase.
Il
vous répondra, comme 99 % de ses voisins : S'il pleut à
la Saint-Médard,
il va
pleuvoir pendant 40 jours.
C'est le sens commun
généralement admis depuis bien des lustres, alors que
le vers
indique strictement qu'il
pleuvra 40 jours plus tard, c'est-à-dire
seulement le 18
juillet, pour la Saint Frédéric. Ce qui,
en soi n'a
rien
d'impossible, mais
de possible non plus !
Notons
que le sens de la phrase, nécessité de rime ou pas,
n'indique
aucunement qu'il va pleuvoir pendant 40 jours
C'est alors
que le troisième vers nous "interpelle quelque part"(comme il
est de bon
ton de dire pour paraître cultivé), puisque : À moins
que Saint-Barnabé, que l'on
fête trois
jours plus tard, ne
lui coupe l'herbe
sous le pied, c'est-à-dire
arrête
la pluie…
Reprenons calmement ! :
Il pleut le
8 juin
Il risque
de pleuvoir le 18 juillet. (Pourquoi pas ?)
À moins qu'il
ne fasse beau
le 11 juin.
Mais pour
cela il faudrait qu'il pleuve aussi les 9 et 10
juin, sinon
rien d'anormal à ce qu'il fasse beau
le 11 …
À vrai
dire, tout cela
n'est déjà pas très clair, mais se
complique légèrement si l'on va chercher Saint Gervais,
le 19 juin :
Il pleut
le 8 juin,
Il risque de pleuvoir le 18 juillet,
À moins qu'il ne fasse
beau le 11 juin.
Si malheureusement il
pleut encore le 11 juin,
Et qu'il fasse beau le 19,
Alors la pluie s'arrêtera.
(Ouf !)
On pourrait
supposer qu'à ce stade là, l'affaire est entendue. Hélas, c'était sans
compter avec notre curiosité de
mauvais aloi, qui nous a dirigé vers la date où l'on
honore ce Saint-Gervais
méconnu, saint patron, sans
nul doute des fromagers.
Le premier
almanach venu nous
renseigne immédiatement sur le
proverbe du jour, 19 juin :
Quand il pleut à la Saint Gervais,
Il pleut quarante jours après.
Avouez que
c'est mal parti !
Doit-on entendre
par-là qu'il va pleuvoir
jusqu'au 28 juillet
ou seulement ce jour là ?
Sauf le
respect que l'on
doit aux Saints,
on a bien l'impression qu'ils se
moquent
éperdument du
temps qu’il fait
chez nous et se renvoient la balle pour mieux nous
ennuyer.
Heureusement
qu’il y a un Bon Dieu, qui ordonne à Saint Samson d'arrêter
la série noire :
Si le jour
de Saint Samson
Le pinson est au buisson
Tu peux,
bon vigneron
Défoncer ton poinçon.
Traduction : Si ce jour là, tu entends un oiseau
chanter
(ce qui
est, à vrai dire,
plus probable en
juillet qu'en
décembre
), tu pourras
mettre en perce
le tonneau, la
prochaine
vendange ne pouvant
être gâtée par la pluie.
Rien n'indique hélas si le bon
vigneron doit reboucher le
dit tonneau s'il pleut
le lendemain ! (Quant au mauvais
vigneron,
ne nous occupons
pas de lui : puisqu'il est
mauvais, il n'a pas de vin en cave !)
Notons, pour finir,
que comme pour Saint Barnabé, la
pluie possible pour Saint-Gervais
est programmée
pour quarante jours après mais absolument pas
durant quarante jours.
Dans la
langue française, "après"
n'a jamais eu le
sens de" pendant" et si nous devons
nous revoir
huit jours après une
réunion, ce sera huit jours plus tard,
et vous n'attendrez
pas
notre venue tous
les matins pendant une semaine !
Il ne manquait toutefois que deux petites
précisions pour
nous inciter à croire à ce
proverbe :
- La pluie, est-elle prévue
pour Brest ou
pour Aix en
Provence ? Si c'est pour
Brest, ce sera un vrai gâchis,
tandis qu'en Provence, un peu de pluie
en juillet, cela
apporte un peu de sucre au
raisin.
- Quelle
loi climato-géophysique
interdirait l'usage du
proverbe, le 8 juin sur la
Terre entière. Imaginez-vous
qu'il pleuve quarante jours
sur tout le
globe. Cela
finirait
qu'il n'y aurait plus beaucoup
d'eau dans les
nuages, et
même peut-être plu de nuages du tout !
Voilà
donc le monceau de stupidités
contenues dans un
proverbe de type
auberge espagnole.
Chacun
pourra en effet
l'arranger à sa
façon quitte à tirer
un Saint réparateur par la manche
deux jours avant ou deux jours après :
De toute façon, c'est
sûr, c'était un signe, même si ce n'était
pas le jour exact ! Et puis les Saints, vous savez, ils sont loin
là-haut dans le ciel…
Si vous
croyez qu'ils savent exactement le jour qu'on est…
Donc, pour ne
fâcher personne, continuons
à ânonner en
chœur avec les ânes :
"S'il
pleut à la Saint Médard, qu'est-ce
qu'il va tomber pendant un mois !"
Et comme une once de masochisme ne nous déplaît pas,nous
allons noter sur un carnet, tout au long de notre vie, le temps
des 8 juin de
chaque année, ainsi que du mois qui suit. Le
jour où nous sentirons
le besoin de faire
notre testament,
nous comparerons,
avant de partir
tous les quarante jours
qui ont suivi les 8 juin
pluvieux, ou sesc.
Nous constaterons alors que
les résultats sont
toujours aléatoires
et comparables à
tous les 8 juin que la Terre connaît depuis une
bonne dizaine de
milliers d'années, lorsque nous
sommes entrés
dans la douce
période actuelle, à la fin de la
glaciation de Würm.
Puisque nous
y sommes, restons dans
la météorologie, une grande
partie des dictons
de la langue
française
usant de la matière.
Il est de
coutume, dans le Midi de la France de
dire, au sujet du Mistral et de la Tramontane, deux
vents violents venant
l'un du nord et l'autre du nord-ouest,
que la durée de leur activité se mesure
en multiples de 3 jours (3 - 6 - 9 - 12 etc.).
Malheureusement, aucune loi de
physique de l'atmosphère
appliquée en météorologie, ni aucune
statistique, ne peuvent fournir d'explications à cette
prétendue durée.
Dans
la circulation atmosphérique générale de
notre pays et de ses environs, le Mistral est habituel-
lement dû à deux causes
principales:
1 –
Passage d'une dépression en
Méditerranée avec anticyclone
sur le nord du pays.
2 – Position de l'anticyclone des Açores sur le
proche océan ou sur l'ouest de la France
générant un rapide courant de nord, en particulier dans la
vallée du Rhône.
La Tramontane obéit
aux mêmes causes,
mais avec un
léger
décalage
géographique. Le centrage habituel des hautes pressions
sur les
Açores génère un
courant nord-ouest quasi constant
sur
le Golfe
du Lion,
souvent assez faible mais parfois
violent ou très
violent lors
du creusement d'une
dépression dans le
Golfe de
Gênes. Elle peut également être
causée, comme le Mistral, par
le
passage d'une perturbation
en Méditerranée.
Très
souvent, à la frontière entre ces
deux vents située à mi-chemin entre
Montpellier et Lunel le long du petit
fleuve côtier "Le Vidourle", quand
la
Tramontane faiblit, le
Mistral
prend la
relève pour finir de comb-
ler les dépressions
maritimes.
Si une dépression se creuse dans
le
Golfe de Gênes
par l'ascension de
masses d'air chaud, la nature ayant
horreur du vide, de l'air plus frais,
de
Nord-Ouest sera aspiré et vien-
dra combler le
vide créé.
Il montera en altitude et sera
peu à
peu
remplacé par un
nouvel air
frais qui se
réchauffera à son tour
jusqu'à
épuisement. Ce manège peut
persister un temps indéterminé et aucune de nos
observations
météorologiques, ni
aucune de celles
des Stations météo-maritimes locales
ne font ressortir statisti-
quement une durée privilégiée.
D'autre part, lorsqu'il s'agit de dépressions ayant
parcouru l'Espagne, la
traversée
de la Méditerranée, des Îles Baléares jusqu'à la Sardaigne ou
Gênes, peut
prendre de 20 heures à 4 jours, suivant la vitesse de dépla-
cement du
front qui l'accompagne. Il
est donc totalement irrationnel
d'appliquer
une durée multiple de trois jours aux vents associés
à ces
perturbations éoliennes.
Il doit
cependant y avoir une raison à ce postulat si souvent entendu. Essayons tout d'abord de définir
ce que sont effectivement trois jours de vent.
En regard des
critères internationaux de
météorologie pour notre globe, le vent est défini
comme
le mouvement d'une masse d'air
à une vitesse supérieure à
soit
Pourtant, et nous
l'avons souvent constaté
lors de réglages
d'anémomètres, en dessous
de cette infime vitesse on sent malgré
tout un
air frais sur un doigt mouillé.
Mais comme
il faut bien une norme, pourquoi pas 1 m/s ?
Toutefois, dans le
dicton qui nous intéresse, il n'est pas question de la vitesse que l'on
doit
prendre en considération pour délimiter nos trois jours.
Puisant dans
nos dix ans d'observations triquotidiennes - dans des conditions
techniques
identiques à celles de la
Météorologie Nationale, nous avons donc
tenté de mesurer, sur les bandes d'enregistrements de la
vitesse des vents, le
nombre
de jours inférieurs à 1 m/s. La moyenne
fut de 26 cas par an.
Mais durant ces 26
jours l'anémomètre avait
tout de même tourné par instants, car en
en
dessous de 1 m/s,
il n'y a plus
de vent officiel, mais il peut y avoir
un petit courant
d'air. En ne comptabilisant donc que les
journées strictement à 0 m/s nous n'en trouvâmes
que 21,
réparties sur 3
ans. La cause principale en était
due au fait que notre station de
de mesures
était située au sommet d'une colline à
du vent, plus ou moins, même inférieur à 1 m/s.
Les
résultats auraient été
certainement différents si
l'anémomètre avait été
placé au village en
contrebas, à
station météo et
calme plat dans ces autres lieux.
Mais
alors, hier soir, le troisième
jour, le
vent qui s'est
éteint dans notre
ferme
voisine et
qui souffle encore
aujourd'hui
chez nous, va-t-il durer trois jours de plus?
Et, si nous voulons bien compter, quand
doit-on considérer qu'il a débuté ?
Il y a cinq jours,
au village quand les
parasols
des forains s'envolaient
, ou il y
en a sept
chez nous, quand le cap des
1 m/s a été dépassé ?
___________
De
même que dans les dictons précédents, on peut mesurer ici l'ineptie
de
telles affirmations, le
style auberge espagnole étant parfaitement
respecté
puisque chacun affirmera avec toute
la bonne foi nécessaire
que mardi dernier à midi,
…
il avait
senti que le Mistral allait se lever et
qu'aujourd'hui
lundi, il s'essouffle et ne passera pas la nuit
…
et même, s'il souffle encore
un tout petit
peu demain matin
ça fera 7 jours,
et 7 jours,
ce n'est pas
loin de 6. Non
?
Un voisin ne manquer pas de faire remarquer
que che z lui,
à cinq
kilomètres
de là,
… C'est lundi dernier que j'ai senti la première brise à 10 heures
du matin …
et même
s'il s'arrête demain mardi,
cela fera bien 9 jours !
Cela est donc absolument certain, véridique, exact, authentique,
incontestable, et même plus que sûr :
Le Mistral dure
un multiple de
trois jours…
D'ailleurs, entre nous,
un multiple de deux,
cela ne donne rien,
et de quatre,
c'est très aléatoire. Alors
que trois, en usant
avec subtilité de la
veille et du lendemain, l'affaire
est dans le sac à tous les coups
!
Et
les ânes, ne
voulant rester seuls en plein vent depuis
la Saint-Barnabé, ânonneront avec ceux qui
comptent les
jours de
Mistral ou de Tramontane. Quant aux
moutons
et
brebis ils y
joindront, pour sûr,
leurs bêlements …
Nous
clôturerons ces exemples avec l'un des plus célèbres dictons météorologiques
qui nous
prédit (théoriquement) le temps des douze mois de l'année à
venir à partir de celui des douze
premiers jours du mois de janvier.
On peut d'ailleurs relever, dans différents almanachs et éphémérides illustrés
Populaires que le
dicton peut se
présenter sous deux
formes :
soit :
Les
douze premiers jours de janvier
Disent le temps des douze mois de l'année.
soit :
Regarde
comme sont menées
Depuis Noël douze journées
Car en suivant ces douze jours
Les douze mois feront leur cours.
Avec un tout
petit peu d'observation, on
constate que, dans le premier cas
on
pointe le repère de
départ au Jour de l'An, et que
dans le second c'est la Noël
qui joue ce rôle.
Alors, tant que
nous sommes dans l'irrationalité, pourquoi ne pas
commencer
ces douze jours à partir de
la Saint-Nicolas ,
ou de Pâques, ou de
l'Épiphanie,
du carnaval
de Mardi Gras, ou
alors de la Pentecôte, de la Toussaint, ou tout
simplement
de l'insolite Saint-Glinglin ?
À lire
de telles inepties, on aurait presque l'impression que plus l'argument de
départ est
vague et imprécis, plus l'absence de raisonnement permet à
des personnes que l'on pourrait
croire saines d'esprit, d'affirmer avec
assurance qu'elles ont
fait l'essai et que ça marche !
Ce besoin irrationnel de
mantique et de merveilleux rejoint
la voyance et
les religions. Les
églises de toutes sortes ont
emboîté le pas aux croyances païennes afin de mieux garnir
les
escarcelles de leurs gourous, qu'ils soient du Vatican, de
la Mecque, de Pékin ou de Saint-Trifouillis-les-Oies.
Le racket spirituel généralisé par
toutes ces Sectes ne s'est
jamais aussi bien porté, et les rediseurs de sottises
n'y sont
pas pour un peu.
Le maniement de l'avenir n'est pas si facile
que cela, et peut-être légèrement
moins encore, pour
prédire avec tant de certitude
le temps du lendemain !
Quand on sait :
- que les
ordinateurs les plus
puissants du monde sont
réservés
aux météorologue (et aux
militaires),
- que
ces machines effectuent des milliards de calculs à
la
seconde, afin d'interpréter
les millions de données
fournies toutes les
trois heures par les différents
postes
d'observation situés sur toute la planète,
- que ces calculs intègrent des
dizaines de modèles mathé-
matiques dont
le développement de chacun ne tiendrait
pas dans un livre de poche,
- que
les résultats obtenus
permettent de projeter
une
tendance
du temps sur une région pour
les huit jours,
et bientôt les douze, à venir,
on ne peut
alors que s'amuser de la prétendue prédiction à laquelle collaborent
involontairement
les Rois Mages.
Quand on
sait aussi :
- que
la première dépression qui va nous arroser s'est
parfois
créée en Islande il y a six jours tout au plus,
- que celle
qui vient de traverser
l'Atlantique Nord
n'existait pas la semaine dernière,
- qu'un bel anticyclone peut
rester vissé sur la France
durant quinze jours,
ou trois semaines … ou quatre,
- que l'atmosphèr est en perpétuel équilibre entre les
surpressions et les manques d'air,
- qu'un
battement d'aile de
papillon au Mont Saint
Michel peut engendrer un cyclone
en Australie, la
petite masse d'air modifiée par le lépidoptère pertur-
bant la circulation générale par
effet de ricochet,
quand on sait
tout cela, on ne
peut colporter des bêtises sur l'état météorologique des semaines
ou des
mois à venir.
Météo France s'y risque
avec circonspection, parlant
de "Tendances
possibles",
mais n'allant tout de même pas
jusqu'à "probables" !
Cela est tout à leur honneur
de
ne pas sombrer dans le charlatanisme ambiant …
Il y a une
telle masse d'intérêts
économiques en jeu, touristiques
entre autres, pour que,
si une semblable
prévision était réalisable,
à condition, et c'est le moins,
qu'elle s'avère
exacte, de ponts d'or
seraient offerts aux devins détenant le secret,
et ce, depuis des siècles
pour ne pas dire des millénaires !
Quel chef de
guerre, de l'Antiquité à nos jours, n'aurait
payé une petite
fortune pour savoir s'il valait mieux
attendre 8 jours ou un mois, qu'un épais brouillard
encerclasse les Sumériens,
les Grecs, ou
les
Anglais d'en
face, afin de mieux les réduire en
pâtée, en les estripaillant dans la glauque purée
de pois. Les Grandes Guerres auraient changé de
vainqueurs et de
vaincus, au gré
des Pythies de
service aux deuxièmes-bureaux de chaque État-Major.
_________________________________________________________________
Cependant,
notre objectivité proverbiale
nous incite à admettre qu'il existe peut-
être une
possibilité de prévoir le temps
pour une année complète à partir d'une
série d'informations gracieusement dis-
distribuées
par Dame Nature en
début
d'année. (En fin
d'année, convenez que
ça n'aurait pas un
immense intérêt …)
Après
bien des recherches, nous avons trouvé un cas où douze jours paraissaient
en correspondance avec les douze mois suivants :
PÉRIODE DE TEMPS DE MOIS CLIMAT PRÉVU
12
JOURS CE JOUR CONCERNÉ POUR CE MOIS
—
1 er jour Froid et sec Janvier Froid, neige et vent
— 2 e
jour Vent très froid Février Plus froid - neige
— 3 e
jour Neige – vent
faible Mars Pluvieux et humide
— 4 e
jour Pluie et vent
froid Avril Vent et giboulées
— 5 e
jour Redoux – averses Mai Chaud et orageux
— 6 e
jour Doux – éclaircies Juin Bon ensoleillement
— 7 e
jour Très belle
journée Juillet Chaud et sec
— 8 e
jour Très doux et
humide Août Chaud et orageux
— 9 e
jour Pluie
intermittente Septembre Pluies orageuses
—10
e jour Vent et pluie forte Octobre Doux et humide
—11
e jour Journée nuageuse Novembre Frimas brouillards
—12 e jour Éclaircies - plus froid Décembre Gels et verglas
Avouez
que la corrélation est étonnante !
Nous devons
tout de même, par simple honnêteté intellectuelle, fournir la source des données
du tableau ci-dessus :
Pour la
colonne de gauche :
Série de 12
jours consécutifs, pouvant
glisser à l’intérieur d’une
période de
30 jours située entre
le 15 décembre et le
14 janvier.
Source
des données: Résumé
quotidien de nos observations météorologiques de
1976 à 1985.
Certaines années, cette série se répète deux fois dans la
période
Pour la
colonne de droite :
Condensé des conditions météorologiques habituelles
en France
au cours de l'année, publiées
dans l'almanach agricole Rustica de
1995. Les années1992, 1993 et
1997 diffèrent peu.
Notre dicton
s'est donc avéré juste,
parfois même deux fois
dans le même hiver,
mais jamais à partir du 25 décembre, ni
du 1° janvier,
ni dans nos 10 ans de relevés locaux, ni dans les
52 ans d
e relevés de la Station de la Météorologie Nationale
de Montpellier-Fréjorgues.
Cependant, en
cherchant bien, on
devrait pouvoir observer
sur des périodes
d’un ou deux
mois, tout au long de
l'année, des séries de douze jours dont il serait possible d'extraire quelques
tendances sur les douze mois à venir; quitte à minimiser les
indicateurs gênants et à surestimer
les favorisants, comme
le fait tout
bon charlatan ...
Il est
également amusant de remarquer que, comme
dans les dictons précédents, cette mauvaise
foi évidente procède également du principe "Auberge Espagnole"
où, dans les temps reculés un
voyageur
n'avait pour tout
repas que celui qu'il avait apporté. Une analogie réductrice en est
restée,
permettant à tout
un chacun de justifier ses avis, à condition que les éléments de départ
soient suffisamment flous pour pouvoir y amener ce que l'on
désire entendre. D'ailleurs, dans le
domaine de la politique, on appelle cela du populisme, et
dans celui des croyances, de la naïveté.
Demandez à
une personne sensible à
ce proverbe, d'inscrire le 13
janvier,
sur son agenda personnel, la
prévision qu'elle tire pour les
douze prochains mois, de façon à ce que chaque matin des 352 jours
à venir, elle
puise vérifier ses
prévisions en ouvrant
ses volets.
Ce serait
bien une grande
misère si le
8 ou le 23 avril, et pourquoi pas
aussi le 17, elle n'y
trouvait une
petite ressemblance avec
le 4 janvier.
En moins froid,
bien sûr …
Puisqu'on
est en avril !
D'ailleurs,
un autre dicton vient tout renforcer au mois d'août :
Tels les trois premiers jours d'août,
Tel le temps de l'automne.
L'ennui, mais nous l'avons gardé
pour la fin, c'est le dicton du
1er Janvier :
Jour
de l'An beau,
Mois d'août très chaud.
Ah bon ! Nou
s qui croyions
avoir lu que le 1° janvier donnait le
temps
de ce même
mois, et qu'août
dépendait du 8ème jour de
janvier (puisque c'est le 8e mois) !
Après tout, si on réfléchit
un peu, c'est même heureux que ce
dicton ne marche pas. Supposons un instant :
Si le
1er janvier donnait
le climat de tout le mois de
janvier,
les 12
premiers jours seraient alors obligatoirement identiques
Et de ce fait, les 12 autres mois de l'année, identiques eux aussi.
Et ce serait d'un triste, à en mourir …
Rassurez-vous, nous ne
tenterons aucune explication
dans ce tas de
niaiseries soigneusement colportées de
mère en fille depuis des siècles. Les hommes, souvent,
n’en pouvaient
mais, leur mécréance les rendant res-
ponsables des blés grêlés.
Et les avis se
choquaient, autant que les
verres, à la
grand
messe du dimanche matin dans le
Café face à
l’église, entre
les tenants des dictons
et les adeptes
des
preuves plus tangibles préconisées
par un saint
dissident, du nom de Thomas…
D'aucuns, esprits chagrins, y citaient même certains proverbes
dont
l'évidence permettait d'enfoncer sans
coup férir,quelques
portes très largement ouvertes , pour ne pas dire "béantes"…
À la Saint Paul (25 janvier) Voilà une prévision gagnante à tous
L'hiver se
casse ou se recolle. les coups !
À la Chandeleur (2 février) Aucun risque, non plus, de se tromper.
L'hiver s'en va ou prend vigueur.
Fleurs de Printemps (21 mars) On n'a en effet rarement vu des fleurs
Sont fruits d'automne. d'automne
faire des fruits de printemps.
À
Saint Aimé (28 avril)
La veille et le lendemain
non plus, car,
Point de mouton
affamé. en général,
l'herbe est haute au printemps.
Après Sainte Angèle (24 mai)
Le
jardinier ne craint plus le gel.
Ouf !
Mais … Mais …
Gelée le soir à la Saint Urbain S'il gèle le lendemain, tout est perdu.
Anéantit
fruits, pain et vin Et pour le 26 mai, rien de
prévu ?
À la Saint Jean (24 juin)
Les dernières fraises aussi, ainsi que
Les groseilles vont rougissant.
les cerises
et les framboises hâtives !
À
la Saint Félicité (12 juillet)
Erreur de calcul, car
Saint–Laurent
C'est le plein cœur de l'été. tomberait mieux !
À la Saint Dominique (4 août) Il ferait donc chaud en août ?
Te plains pas si le soleil pique. Surprenante révélation.
Saint Laurent (10 août)
Enfin ! Le voici ; et
l'été durant 93 jours,
Partage l'été par le milieu. on admettra que
le 45ème n'est pas bien
loin du milieu
À la Saint Rémy (1° octobre) Perspicace constatation qu’au mois
La grande chaleur, fini. d'octobre nous ne sommes plus en été.
Quand d'octobre vient la fin Le lendemain du 31 octobre serait
Toussaint
est au matin. donc le 1° novembre ?
Étonnant, non ?
À la Saint Thomas, (21 décembre)
Et à la Saint Thibaut, (30
juin) les jours
Les jours sont bien bas. sont bien hauts.
Noël
au balcon,
Quand on sait que Pâques
varie sur 28
Pâques aux tisons.
jours, du 22 mars au 19 avril, on mesure
toute la finesse de ce
dicton.
Nous oserions
presque rajouter, pour faire bonne mesure :
Toussaint en novembre,
Noël en décembre.
ou encore :
Coucou qui chante en Mai,
Avril déjà passé.
Si le cœur vous
en dit de partir à la chasse à la stupidité,
l'amusant Dictionnaire
"Robert" des
"Proverbes et Dictons
français", vous permettra
d'en trouver près de 6000,
que l'on ne peut
pas tous considérer comme étant d'une perspicacité
supérieure à la moyenne.
Mais
consolons-nous, les Proverbes & Dictons des autres pays ne valent pas
mieux.
La crédulité
est universellement partagée…
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Le seul
dicton imparable à ce jour
:
( Dessin de l'auteur)
Noaa tu verras,
Le temps qu'il fera
Tu
sauras …
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adaptées à vos déplacements (sud-France)
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